SEIGNEURS DE CREMPS 1 - ISABEAU DE CARDAILLAC

LES SEIGNEURS DE CREMPS ET DE MONTCAVREL

depuis la fin du règne d’Henri IV jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.

LA FAMILLE DE MONTAIGUT (alias Montagu)

LE MARIAGE DE LOUIS ET D'ISABEAU ou comment les Montaigut ont succédé à Cremps aux Cardaillac de St-Circq.                            

A gauche le blason des Montaigut (ou Montagu) qui est aussi celui de la maison de Mondenard, tel qu'avant 1696, à droite le blason des Cardaillac Saint-Circq.

La branche de Touffailles de la famille de Montaigut connue aussi par les seigneuries d’Orgueil et de Lalande ajouta à ses biens la seigneurie de Cremps à la suite d'un mariage. La cérémonie nuptiale et la fête eurent lieu en 1612. Le contrat de mariage fut signé le 2 mars devant maître Campagne, notaire royal. La mariée, noble Isabeau de Cardaillac, descendait d'une ancienne famille quercynoises. Sa mère, noble Antoinette de Paluel (ou de Gimel), était veuve de noble Antoine de Cardaillac, Seigneur de St-Cirq, Cremps et autres lieux, mais remariée avec Antoine de Castanher, seigneur de Haut-Castel. Les Cardaillac habitaient en leur château à St-Circq-la-Popie, la seigneurie de Cremps en dépendait, mais ses seigneurs n’y résidaient qu’occasionnellement. Une partie seulement de la seigneurie de Cremps semble avoir servi de dot à Isabeau, en effet Godefroy de Cardaillac son demi-frère, fait un hommage pour Cremps, au chapitre de Cahors en 1622.

Le marié, noble Louis de Montaigut d'Orgueil, Seigneur de Lalande, avait pour lointain ancêtre, Arnaud de Montagu, lequel au début du XIIIe siècle lors de la Croisade contre les Albigeois, se joignit d’abord à Simon de Montfort et l’éloigna du Quercy vers l’Aquitaine jusqu’au château de Biron. Puis il soutint le Comte de Toulouse contre le chef des croisés. Louis descendait aussi des anciens comtes de Lomagne, par le mariage au début du XVe siècle de son ancêtre Auger de Montaigut avec Jeanne de Lomagne, héritière des comtes Vésian et Span de Lomagne, derniers de leur lignée.

Le père du marié n’était plus en vie. Noble Antoine de Montaigut d'Orgueil, seigneur de Lalande avait fait son testament le 13 octobre 1599, au château de Gairac prés de Montcuq, devant maître Massot, notaire. Sa veuve, noble Galiote de Genouillac, fille du comte de Vaillac et de Françoise de Carbonnières, s'était remariée, par contrat du 7 janvier 1608, devant maître Jaussen (ou Gaussen), avec noble Jean de Dordaignes, Seigneur de Cazideroque et de Pechgus.

 Le chevalier poète: Noble Pierre de Montaigut d'Orgueil, grand père de Louis, avait possédé la Seigneurie de Boulvé et l'avait léguée à son fils Flotard, oncle de Louis. Flotard de Montaigut, Seigneur de Boulvé, Capitaine au service du roi, au temps de Ronsard, avait un faible pour la poésie. Un sonnet de son cru dédié à Flamino de Birague a été imprimé.

La seigneurie de Boulvé passa à la famille de Salignac de la Mothe Fénelon par le mariage de Pons de Salignac en novembre 1594 avec noble Judith de Montaigut, fille de Flotard et cousine germaine de Louis de Montaigut d'Orgueil. Le célèbre Fénelon, auteur des Aventures de Télémaque était témoin au mariage. Judith mourut en 1600, cinq ans après son mariage, sans avoir eu d'enfant. Les pratiques successorales de l'époque n'évitèrent pas le conflit avec la famille de Salignac.

LE SEIGNEUR DE CREMPS A L’ASSAUT ou comment la première génération se distingue par sa fougue.

 En 1617, noble Louis de Montaigut, Seigneur de Lalande et de Cremps, assisté de son jeune frère Galiot de Montaigut, Seigneur de La Boissière, fourbissent une troupe armée, montent à l’assaut et envahissent le château de Boulvé. Nul ne peut les déloger avec de simples mousquets sans risquer sa vie. On fait venir un canon de Cahors. Ils sont contraints de se rendre. Jugés, ils sont condamnés à mort.

Mais ils composent pour une somme d'argent, avec Pons de Salignac, Seigneur de Boulvé par contrat passé devant maître Dupon, notaire à Cahors, le 22 août 1618. A cette date Louis de Montaigut, Seigneur de Cremps était détenu prisonnier au château de Cahors.

Pour comprendre ce conflit, il faut savoir qu’Antoine de Montaigut d'Orgueil, Seigneur de Lalande (père de Louis et Galiot) avait transigé par acte passé le 16 mars 1600 avec noble Pons de Salignac, veuf de feue Damoiselle Judith de Montaigut, décédée sans enfant, au sujet de la substitution apposée au testament de feu Pierre de Montaigut d'Orgueil, chevalier de l'Ordre du Roi, du 9 mars 1573. Par cette transaction il fut convenu que « tout ce qui avait été accordé au dit Antoine, pour son droit de légitime et droits successifs de ses frères, lui demeureront en l'état dont il en jouissait maintenant (en mars1600) et que le surplus appartiendrait au dit Pons de Salignac, héritier institué de feue Judith de Montaigut sa femme ». L'application de la transaction par Pons de Salignac, dix-sept ans plus tard, n'avait probablement pas été conforme aux vœux du jeune et fougueux Seigneur de Cremps.

Louis de Montaigut était mort avant sa trentième année, le 10 septembre 1621, date où Isabeau de Cardaillac, sa veuve, obtint un arrêt du parlement de Toulouse contre Pons de Salignac, Seigneur du Boulvé et Mondoumer. Isabeau assuma son rôle de Dame de Cremps pendant toute la minorité de ses enfants.

Louis et Isabeau avaient donné la vie à deux fils: Jean-Carle fut l'aîné, Louis, le cadet. Ils sont tous deux nommés dans l’arrêt du parlement de Toulouse de 1621 rendu en faveur de leur mère.

L'entente des deux frères fut exemplaire et se prolongea entre leurs descendants jusqu'à la disparition, après la Révolution, du dernier seigneur de Cremps et à la promotion de son parent Seigneur de Montcavrel. Elle permit, après plusieurs générations, le rétablissement dans la famille du titre de Comte de Montagu Lomagne.

Ce texte a été écrit en 1998 par M. de Mondenard pour communication à la commune de Cremps. On trouvera un résumé de cette branche dans le Dictionnaire de la noblesse de La Chesnaye-Desbois, Tome XIV article Montagu. Plusieurs documents référencés ont été transcrits dans l'ouvrage d'Anne-Marie Roques, CREMPS À TRAVERS LE TEMPS 496pp. Ed. Janvier 2007 - ISBN 978-2-7466-0014-0 (voir pages 354 à 396);