SEIGNEURS DE CREMPS & MONTCAVREL 6 HONNEURS DE LA COUR
LES HONNEURS DE LA COUR ou la sixième génération des seigneurs de Cremps et de Montcavrel au service du roi.
Jean-Charles, Henry de Montaigut, Baron de Cremps, parvint au grade d’Enseigne de Vaisseau.
Jean-Charles suivit l’Ecole de la Marine Royale. Avant de monter sur un vaisseau de haute mer, il prit les précautions d’usage et désigna son héritier. Son testament olographe, daté du 6 octobre 1774 à Brest, ne fut déposé que le 24 novembre 1776 aux minutes de maître Flock, notaire à Brest, lequel le fit insinuer le lendemain. Pour héritier universel, il choisit son oncle, Jean (-Pierre) de Montaigut, Chevalier de l’Ordre militaire de St Louis, ancien Capitaine de Grenadiers au régiment de Bourbonnais, devenu Lieutenant Colonel d’infanterie à la retraite.
Jean-Charles fut nommé « Garde Marine » le 17 février 1778. Il s’embarqua en avril de la même année sur « Le Duc de Bourgogne » avec le grade de « Garde du Pavillon ». Il navigua sur ce vaisseau jusqu’en octobre puis passa sur « Le Conquérant ». A partir de janvier 1780 il servit sur « Le Palmier » qui le conduisit aux Amériques.
Le 16 novembre 1780 il fut nommé « Enseigne des Vaisseaux du Roi ». Il revint sur « Le Languedoc » et « Le Palmier », vaisseau de 74 canons et retourna à Brest sur « L’Ardent ». Il retrouva son pays en janvier 1783. Nous reviendrons sur son histoire après avoir présenté le petit cousin et son protecteur, l’Abbé Flotard de Montaigut de Cremps.
Pour son jeune cousin, l’année 1783 est particulièrement importante:
Antoine, Thérèse, Joseph de Montaigut, change de nom et devient, par la grâce du Roi, Comte de Montagu-Lomagne. La famille de Montaigut retrouvait, par la solidarité de la branche de Cremps avec celle de Montcavrel, le rang qu’avait eu autrefois leurs ancètres communs, les seigneurs de Montaigu prés d’Agen et d’Astaffort en Lomagne. (Maurice Onfroy, Montaigu-de-Quercy, 1986)
L’Abbé Flotard de Montaigut de Cremps avait obtenu en 1782 l’admission de son jeune protégé, comme Page, à la Grande Ecurie du Roi à Versailles. Elle était devenue effective le 21 janvier 1783. La même année il fut fait Sous-Lieutenant au Régiment de Lorraine-dragon. Par ses propres recherches généalogiques, accomplies depuis 1772 en collaboration avec Joseph de Montagu de Mondenard, Maréchal de Camp, Chevalier de l’Ordre de Saint-Louis, l’Abbé Flotard présenta à Chérin, généalogiste du Roi, les preuves nécessaires pour faire obtenir les « Honneurs de la Cour » à son protégé. Antoine de Montagu-Lomagne devint Comte. La Gazette de France écrit qu’il fut présenté à la Cour Royale sous le titre de Marquis de Montagu. Il put monter dans les carrosses de Leur Majestés et les suivre à la chasse, le 23 janvier 1783. Le lendemain, 24 janvier, l’Abbé Flotard de Montaigut acheta une grande maison dans le quartier des Chanoines, à côté de Notre-Dame de Paris pour en faire son hôtel particulier et celui de son protégé. Dès lors, il s’employa à le bien marier.
Revenons sur le parcours du bienfaiteur du jeune Comte:
L’Abbé Flotard de Montaigut de Cremps fut ordonné prêtre le 9 octobre 1742. Son frère Jean, Seigneur de Cremps, lui constitua à cette occasion un titre clérical de la somme annuelle de cent livres, et lui céda à cet effet un moulin avec son enclos sur la route d’Aujols.
Vicaire de la paroisse Saint-Sulpice à Paris, il habita rue de l’Université. En 1744, il reçut un nouveau bénéfice de son frère Jean à Touffailles, seigneurie qui avait appartenue à ses ancêtres au XVe siècle. En retour, Flotard fait les démarches pour que sa nièce Foy-Marie puisse entrer à l’Ecole de St-Cyr en 1745.
Il fut nommé Abbé commendataire de l’abbaye royale St-Sauveur et St Rostrade d’Ardres sous le nom de Montaigu de Beaune. Il pensait à l’époque que les Montaigut de sa famille descendaient des Montaigu de Bourgogne. En effet une inscription dans ce sens avait été gravée sur la tombe de l’ancien évêque de Cahors, Sicart de Montaigut de Mondenard (1293-1300). Cette inscription, ajoutée en 1646, était erronée; Flotard l'ignorait. Elle lui permit cependant de se faire accueillir comme un cousin par la famille de Montaigu de Beaune, très puissante à la Cour de Versailles. Flotard devint Chanoine de Notre Dame de Paris en 1759, puis vicaire général de Metz, puis Abbé commandataire de Fémy au diocèse de Cambrai le 19 juin 1778. Louis XVI lui avait confié en 1788 la Présidence de l'Assemblée provinciale de Paris siégeant à Saint-Germain. Il fut élu Doyen du chapitre de N.D. de Paris en 1780. La vie très intéressante de cet Abbé, originaire du Quercy, qui sut si bien s’adapter à la vie de la Cour, mériterait que tout un livre lui soit consacré. L’hôtel particulier qu’il avait modernisé à grand frais a malheureusement été rasé au milieu du XIXe siècle; un immeuble pour les œuvres de la police parisienne a pris sa place au XXe siècle.
LES SEIGNEURS DE CREMPS METTENT UN LION SUR LEUR BLASON ou comment Cremps prend les couleurs des Montagu-Lomagne.
Jean-Charles, Henry de Montaigut, seigneur de Cremps, une semaine après que son cousin fut admis à recevoir les Honneurs de la Cour, reprend la mer. Il embarque le 3 février 1783 sur le Vaisseau « La Surveillante » pour ne plus jamais revenir. Il se noie, le 23 août 1785, au large de l’Ile de France (ancien nom de l’Ile Maurice) en voulant passer à bord du Vaisseau « Le Brillant » .
Le 13 janvier 1786, sa mort est enfin connue des siens. Son oncle et héritier Jean (Pierre) de Montaigut devient à 69 ans le nouveau Baron de Cremps. Sous l’impulsion de l’Abbé Flotard de Montaigut toute l’énergie de la famille va se reporter sur le jeune Comte de Montagu-Lomagne.
Le transfert par testament: Jean (-Pierre) de Montaigut de Cremps, le Lieutenant colonel d’infanterie à la retraite fut fait, comme nous l’avons vu, légataire universel par son neveu Jean-Charles de Montaigut en 1776. C’est la même année, le 17 février, qu’il fut témoin devant Lescure, notaire royal apostolique, d’un acte par lequel la baronne de St-Cirq consentait 100 livres de pension viagère annuelle, à titre clérical, par hypothèque d’une pièce de terre au territoire de la Conque, à son fils Joseph de Bideran de St-Cirq. Ce petit cousin préparait au séminaire Saint-Louis un doctorat en Sorbonne et fut dès 1783, Chanoine de Moissac.
Après la mort de son neveu Jean-Charles, le lieutenant-colonel d’infanterie devient officiellement Baron de Cremps, le 13 janvier 1786. Entre temps, dès 1784, le jeune Comte de Montagu-Lomagne était devenu lieutenant au Régiment du Roi infanterie. Il sera Capitaine au même régiment en 1789.
L’Abbé Flotard, venu au château de Cremps, fit son testament le 18 mai 1786, devant maître Minihot, notaire à Cremps, en faveur de son parent et protégé le Comte Antoine, Thérèse Comte de Montagu Lomagne.
Le 13 juin 1786, Jean (-Pierre), le nouveau Baron de Cremps, donna procuration à son frère l’Abbé Flotard de Montaigut pour faire donation de tous ses biens à leur parent, le Comte de Montagu Lomagne en considération du mariage de ce cousin avec demoiselle Michelle, Marie, Constance de Rochechouart-Pontville. Il se réserve une somme de 24000 livres, garanties sur toutes ses propriétés y compris celles qu’il possédait en propre en Lomagne. (A.D. Lot B 326). Par ce dernier acte, le nouveau Baron de Cremps, n’est plus qu’usufruitier du château et des terres de Cremps, le Comte de Montagu-Lomagne en devient le nu-propriétaire.
Louis XVI signe le contrat de mariage de l'héritier de Cremps
Le contrat de mariage entre Antoine de Montagu-Lomagne et Michelle, Marie, Constance de Rochecouart-Pontville fut signé à Versailles de leurs majestés et de la famille royale le 20 août 1786. La mariée était la fille de feu Louis-François Victor de Rochechouart-Pontville et de Marie Victoire Boucher, Dame de la Vicomté de Bridiers. Les jeunes mariés avaient leurs appartements dans la maison canoniale de l’abbé Flotard de Montaigut. La Comtesse de Montagu-Lomagne fut invitée à la Cour le 20 janvier 1788, seize mois après la naissance de son fils Armand, Jean, Flotard de Montagu-Lomagne (12 juin 1787), qui reçut les prénoms des deux bienfaiteurs de son père. Plus tard, le 5 octobre 1788, naquit à Paris une fille; elle fut prénommée Aspaïs, Henriette, Flotarde.
Un nouveau blason: Les Montagu Lomagne portaient des armes où le Lion des Lomagne voisinait avec les couleurs des Montaigut: « Ecartelé au 1 et 4 d’Argent et d’Azur qui sont de Montaigut, au 2 et 3 de Gueules au Lion d’Argent qui est de Lomagne. »