LA VICOMTESSE PEIRONELA DE TOULOUSE-BRUNIQUEL ÉPOUSE DU SIEUR DE MONDENARD
Au XIIe siècle le seigneur de Mondenard que certains prénomment Bernard et d'autres Cenebrun épousa la vicomtesse PEIRONELA (ou Petronille), héritière de la vicomté de Bruniquel. Leur fils Arnaud-Bernard de Mondenard aurait pu devenir Vicomte de Bruniquel si les comtes de Toulouse n'en avaient décidé autrement, notamment pour contrecarrer l'influence des Trencavel. En 1144 l'armée du comte de Toulouse est battue par celle de Trencavel. Cette défaite va inciter le comte de Toulouse à entreprendre la création et la construction de la ville de Montauban la même année.
L'HISTOIRE DU LANGUEDOC de DOM VAISSETTE
Au tome III de l'Histoire du Languedoc, pages 367 à 369, a été annexé une note n°8 sur la vicomté de Bruniquel. Cette note substantielle parle d'un mariage entre le seigneur de Mondenard et une descendante des anciens vicomtes de Toulouse-Bruniquel.
NOTE VIII : SUR LES VICOMTES DE TOULOUSE ET DE BRUNIQUEL
1 - Benoit dont il est parlé dans la vie de Saint-Géraud, ( Vita S.Gerald 12.c 28. sqq) est le plus ancien Vicomte de Toulouse que nous connaissions. Catel fait mention d'un Raymond vicomte et viguier de Toulouse sous le règne du roi Raoul, c'est à dire, vers l'an 932 (Catel, comt.p33). Nous trouvons ensuite un Aton vicomte de Toulouse vers l'an 940 qui à ce qu'il parait était fils ou petit fils de Benoit, et enfin un Adémar aussi vicomte de Toulouse, mentionné vers l'an 961 dans le testament de Raymond I, comte de Rouergue.
2 - Un autre Adémar vicomte de Toulouse, étant à l'article de la mort, déclare par un acte sans date, qu'il avait usurpé autrefois l'alleu de Majeuse situé en Quercy, sur l'abbaye de Moissac; qu'il avait d'abord reçu en fief cet alleu, qui lui portait cent sols de rente, de Guillaume évêque son seigneur, et ensuite de Gausbert, abbé séculier de Moissac; et enfin qu'il avait remis la moitié de cette rente entre les mains de Durand alors abbé de Moissac. Il s'ensuit qu'Ademar était vicomte de Toulouse -1° sous l'épiscopat de Guillaume, évêque de Cahors, dont nous examinerons bientôt l'époque. -2° du temps de Gaubert qui fut abbé séculier de Moissac depuis environ l'an 1030 jusqu'en 1063. -3° sous Durand qui fut élu abbé régulier de ce monastère, vers l'an 1052, et qui ayant été promû à l'évêché de Toulouse en 1059 le conserva avec l'abbaye jusqu'à sa mort arrivée en 1071. -4° enfin après la mort de ce prélat, puisque parlant de lui, il dit qu'il était alors abbé de Moissac.
3 - Quant à l'épiscopat de Guillaume évêque de Cahors, dont on vient de parler, on peut le placer entre l'an 1028 et l'an 1052 intervalle durant lequel nous n'avons rien sur les évêques de cette église, d'où il s'ensuit qu'Adémar était vicomte de Toulouse au moins vers l'an 1050.
4 - Nous avons une restitution datée de Toulouse, et faite à l'abbaye de Moissac vers l'an 1060, du conseil du vicomte Adémar, et en présence de Pons comte de Toulouse. Ce vicomte vécut encore longtemps après. Il fit une donation à l'abbaye de Moissac en 1074 de concert avec le vicomte Armand, Pons et Raymond, ses frères, et Guillaume son fils. Comme Raymond, l'un des frères du vicomte Adémar, prend dans cet acte le nom de Raymundus-Ademarii, c'est une preuve, suivant le style de ce siècle, que leur père s'appelait Adémar: Ainsi Adémar vicomte de Toulouse qui vivait en 961 aura été vraissemblablement leur ayeul et leur aura transmis son nom et ses domaines. On ne voit parmi ces quatre frères qu'Armand et Adémar qui aient pris le titre de vicomte. Ils possédèrent la vicomté de Toulouse par indivis, avec leurs autres biens situés la plupart dans le Quercy, comme il paraît entr'autres sur la fondation qu'ils firent conjointement en 1083 d'un prieuré sous la dépendance de Moissac, auprès du château de Bruniquel. Il est encore fait mention du vicomte Adémar dans un acte postérieur à l'an 1085. Nous trouvons enfin un Adémar vicomte de Toulouse en 1098.
5 - Il résulte de ce que nous venons de dire: 1° qu'Adémar III a été vicomte de cette ville depuis environ l'an 1050, jusqu'en 1098, et qu'ainsi c'est à cette dernière année qu'il faut rapporter l'acte qu'il fit étant au lit de la mort, et dont nous avons déjà parlé. 2° que ce même Adémar n'est pas différent d'Adémar qualifié avec son fils Princes de la province de Cahors, lesquels fondèrent en 1090, indiction 14, du conseil de Géraud évêque de Cahors, et de Guillaume comte de Toulouse, le prieuré de Saint-Gilles de Négrepelisse. Il est fait mention dans le cartulaire de Saint-Sernin de Toulouse d'Adémar vicomte de Bruniquel, dans un acte sans date fait en présence de Raymond Ebon évêque de Lectoure et prévôt de la cathédrale de Toulouse, lequel posséda l'évêché depuis l'an 1061 jusqu'en 1097, ce qui prouve évidemment qu'Adémar III, vicomte de Toulouse prenait aussi le titre de vicomte de Bruniquel: car on a déja vu qu'il possédait le domaine de ce château avec son frère Armand. C'est à ce dernier titre que leurs successeurs se fixèrent, et à celui de vicomtes de Montclar, château situé sur les frontières du Quercy dans le voisinage de celui de Bruniquel, parce que ces deux chateaux étaient les principaux lieux de leur domaine; en sorte que depuis Adémar III il ne paraît qu'ils aient pris le titre de Vicomtes de Toulouse.
6 - Guillaume de Toulouse et son fils Pons, accordèrent en 1163 à l'abbaye de Grandselve une exemption de péage sur leurs terres. Nous trouvons encore dans un acte du cartulaire de Saint-Sernin, daté du mois d'aout de l'an 1173 un Pons de Toulouse vicomte, fils de Guillaume de Toulouse de Montclar. On voit par là que ce Guillaume descendait d'Adémar III, vicomte de Toulouse, s'il n'était pas le même que son fils de ce nom, et que ce dernier eut le château de Montclar, en partage. Ce Guillaume père de Pons, n'est pas différent sans doute du vicomte de Montclar, dont on ne marque pas le nom, et qui en 1155 échangea le château de Janes-Méjanes en Albigeois contre la troisième partie du chateau de Montclar, que la vicomtesse de Montredon lui céda. Le même Guillaume eut une fille, et nous trouvons en 1159, un Armand de Montpezat-en-Quercy, gendre de Guillaume de Toulouse. Nous apprenons enfin que Raymond V, comte de cette ville, donna en fief le premier d'Avril de l'an 1177 au même Armand de Montpezat, à Bertrand son frère et à Bertrand de Villemur leur beaufrère, les châteaux de Montclar de Montpezat, à condition qu'ils n'auraient aucun commerce avec Pons de Toulouse: preuve que ce comte confisqua alors la vicomté de Montclar sur ce dernier dont nous ne connaissons pas la postérité.
7° Nous trouvons au XIIe siècle une suite de vicomtes de Bruniquel qui paraissent être une branche des vicomtes de Toulouse. Nous savons en effet qu'Adémar III, vicomte de Toulouse et de Bruniquel eut plusieurs fils.
1- Armand et Adémar son frère, vicomtes de Bruniquel, vendirent en 1156 à Raymond Trancavel vicomte de Béziers, tous les domaines que leur ayeule Guillelmete mere de leur père Aton, avait eu en dot. Celle-ci était fille de Raymond-Bernard vicomte d'Albi et de Nismes, et ayeul de Raymond-Trencavel: elle épousa en 1069 Pierre Aton.
2 - Ce Pierre Aton fut vicomte de Bruniquel; car outre que son fils et ses petits fils possedèrent cette vicomté, Guillelmete sa femme se qualifie vicomtesse dans une donation qu'elle fit à l'église de Bioule en Quercy, aux environs de laquelle le château de Bruniquel est situé.
3 - Nous trouvons un Pierre appellé Aton fils de Guillelmete, qui en 1126, reçut l'hommage pour le château de Vinassan au diocèse de Narbonne. Or, comme les deux vicomtes Ademar et Armand vendirent en 1156 à Raymond-Trencavel ce château qui venait de la dot de Guillelmete leur ayeule, c'est une preuve qu'ils étaient fils du même Pierre, lequel se dit fils de Guillelmete et se qualifie vicomte en 1159. Ce Pierre Aton ne parait pas différent du vicomte Aton qui avec Fine, veuve d'Armand vicomte, fit vers l'an 1120, une fondation dans l'abbaye de Moissac pour l'âme du même Armand et de ses parents.
4° Armand et son frère Adémar se qualifient encore vicomtes de Bruniquel dans un bail à fief qu'ils firent en 1156 de la bastide de Blango. Le même Adémar vicomte de Bruniquel, fonda vers l'an 1165, l'abbaye de Saint-Marcel en Quercy située au voisinage de ses terres.
5° Nous avons un acte par lequel la vicomtesse Pétronille de Toulouse-Bruniquel, son fils Arnaud-Bernard et sa fille Braida, donnent vers l'an 1165, à l'abbaye de Moissac, ce qu'ils avaient dans la paroisse de Bioule. Une autre donation faite en 1163 par Arnaud-Bernard de Montlanard (MONDENARD), et Braida sa soeur, à l'abbaye de Saint-Marcel en Quercy est souscrite par Armand vicomte de Bruniquel. Nous conjecturons que cette vicomtesse Pétronille était soeur et héritière d'Armand et d'Adémar vicomtes de Bruniquel, et que ceux-ci décédèrent sans postérité. On a vu en effet qu'ils vendirent une grande partie de leurs domaines.
6e Un vicomte nommé Frotard de Brusques, fit hommage en 1154 pour le château d'Eissene en Rouergue, à Hugues comte de Rodez. Comme le château de Brusques était alors dans la maison des vicomtes de Bruniquel, c'est une preuve que Frotard appartient à leur généalogie; ce qu'on peut confirmer sur ce qu'un nommé Géraud, sa femme Guillelmete, ses cousins le vicomte Pierre et Frotard, donnent vers l'an 1106 l'église de Cambon en Albigeois, à l'abbaye de Vabres en Rouergue. Or on a déjà vu que le fils de Guillelmete vicomtesse de Bruniquel, prenait indifféremment le nom de Pierre ou de Pierre-Aton; ainsi ce sera le même qui vers ce temps-là fit avec Foy, sa femme, un échange contre l'abbaye de Vabres.
7e Si Aton qui était archevèque d'Arles en 1115 appartient à la maison des vicomtes de Bruniquel, comme nous le conjecturons, il devait être frère de Pierre-Aton vicomte de Bruniquel, qui épousa Guillelmete en 1060, ainsi Aton leur père aura épousé une soeur de Richard archevêque de Narbonne; car ce dernier était oncle d'Aton archevêque d'Arles, et parent ou allié du vicomte Bernard-Aton, frère de Guillelmete.
8e Nous ne trouvons plus rien sur les vicomtes de Toulouse, de Bruniquel et de Montclar, depuis l'an 1177, jusqu'en 1224 que ces deux dernieres vicomtés appartenaient à Raymond le jeune comte de Toulouse, qui les donna à son frère Bertrand en le mariant avec Comtoresse de Rabastens. les descendants de Bertrand prirent le titre de vicomtes de Bruniquel et de Montclar, vicomtés qui passèrent dans la suite à une branche cadette de la maison de Comminges. or ce qui prouve manifestement que cette vicomté de Bruniquel est la même que celle que possédait Ademar III, vicomte de Toulouse au XIe siècle, c'est que ce dernier restitua à l'abbaye de Moissac l'alleu de Majuste, qu'il avait usurpé, et qu'en 1380, Roger, vicomte de Bruniquel, fit hommage du même alleu à Aymeric de Peyrat, abbé de Moissac.
9e C'est tout ce que nous avons pu recueillir sur les anciens vicomtes de Toulouse et de Bruniquel, dont on peut rapporter fort vraissemblablement l'origine à Aton vicomte dans le Toulousain, qui vivait en 867, ou du moins à Benoit qui était vicomte de Toulouse au commencement du Xe siècle, ainsi que nous l'avons marqué dans la généalogie des Trencavels, qui, à ce qu'il parait, étaient de la même maison.
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